Un territoire industriel en transition

Le port de Dunkerque a considérablement imprégné son industrie et confère à la ville une importance internationale. Lorsque les chantiers navals ont cessé leurs activités en 1987, 6.000 emplois ont été perdus. Il ne restait plus que des « môles » - des jetées en friche d'une superficie de 180 hectares, à proximité directe du centre-ville.  Afin de les reconvertir, Dunkerque a mis en place des projets de développement urbain de grande envergure avec l'aide de planificateurs et d'architectes renommés. En 1989, un concours d'architecture aux modalités inhabituelles a été lancé, reposant sur l’idée de ville évolutive et adaptable, plutôt que sur des plans et des maquettes figés. L’urbaniste retenu, Richard Rogers, a proposé un projet baptisé Neptune, visant à réutiliser ces friches et réaménager les zones industrielles et portuaires.

Ce projet a permis de relier les différents tissus urbains comme le centre-ville et la station balnéaire de Malo-les-Bains.  La transformation de la jetée – aujourd’hui le cœur de Dunkerque – en un espace culturel et de promenade est un succès qui attire un large public. Le môle 1 abrite des lieux de rencontre et d’échanges pour la société urbaine, comme l’Arena Michel Raffoux, la Halle aux sucres ainsi qu’un espace dédié aux artistes. Le quartier du Grand large, également emblématique du renouvellement de la ville, constitue l’une des dernières phases de ce projet : il s’inscrit dans les principes de la charte d’Aalborg de 1994, qui prône une densité et une mixité des fonctions urbaines au service du développement durable.

Depuis 2018, tous les usagers peuvent se déplacer gratuitement dans l’ensemble du réseau de bus de la Communauté urbaine. Dunkerque est ainsi la plus grande ville de France à avoir introduit ce système de gratuité totale. Une démarche pour répondre « […] à l’urgence sociale et climatique », explique Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et président de la Communauté urbaine de Dunkerque. « Avec les bus gratuits, vous montrez aux gens qu’on peut adopter un comportement plus écologique sans les contraindre, tout en leur redonnant du pouvoir d’achat » (source : lefigaro.fr).

Cette ambition a porté ses fruits : alors qu’en 2015, les habitants n’effectuaient que 5 % de leurs trajets en transports en commun, le bus représentait plus de 85 % des trajets en 2019, un an après le passage à la gratuité. En complément de cette mesure, des opérations d’aménagement ont limité la place de la voiture, le réseau de bus a été développé avec cinq lignes et des passages toutes les dix minutes, mettant 80 % de la population à moins de 300 mètres d'un arrêt et à moins de 20 minutes de la gare de Dunkerque.

Dunkerque génère plus de 20 % des émissions industrielles de CO2 en France. Pour rendre son industrie locale plus écologique, la Communauté urbaine de Dunkerque mise sur des mesures de décarbonation et s’engage dans la promotion de la transition énergétique par le développement des énergies renouvelables. Pour ce faire, elle s'est associée à des acteurs économiques, politiques, administratifs, scientifiques et de la société civile - et pilote un réseau de plus de 76 partenaires dans le cadre de l'initiative « Dunkerque, l'Énergie créative ». En collaboration avec des initiatives issues de la société civile et des entreprises, sont par exemple développées des mesures visant à améliorer la qualité de l’air. Dans une démarche d’écologie industrielle, l'administration a appuyé les initiatives des entreprises industrielles locales, qui, dès les années 1980 ont mis en place un système de réutilisation des déchets industriels et de la chaleur résiduelle.

De plus, Dunkerque s'engage à rendre le territoire de la Communauté urbaine climatiquement neutre d'ici 2030, à l'exception de son port industriel. Dans ce cadre, la mise en œuvre d’un contrat de ville climatique élaboré en collaboration avec les habitants est prévue. Pour soutenir ses ambitions, la Communauté urbaine de Dunkerque a été récompensée à plusieurs reprises : elle a été désignée lauréate du programme européen « 100 villes climatiquement neutres et intelligentes » ainsi que du programme national « Territoires d’innovation ».