Déployer un urbanisme durable à grande échelle en misant sur l’intelligence collective
« L’ambition est à la hauteur du défi et nous aurons besoin de toutes les énergies pour le relever », d’après le maire Grégory Doucet.
En quoi la ville de Lyon se démarque-t-elle ?
En 2022, Lyon s’est qualifiée pour participer au programme « 100 villes climatiquement neutres et intelligentes » – un projet par lequel la Commission européenne soutient les villes particulièrement ambitieuses dans l’atteinte de la neutralité climatique d'ici 2030.
La ville s’engage sur plusieurs axes, dont l’achat public exemplaire et le développement de mobilités durables. En matière d’urbanisme durable, la ville concentre ses efforts sur les principaux émetteurs de gaz à effet de serre : le secteur des bâtiments et celui de la mobilité.
À Lyon, la charte urbaine et architecturale encadre tous les projets de construction, de réhabilitation ou d’aménagement. Ce cadre commun doit permettre à la ville d’atteindre son objectif de neutralité climatique. Retour sur le contexte d’élaboration collective de cette charte – qui a considérablement contribué à sa réussite.
La ville de Lyon met déjà en œuvre d’ambitieux programmes de rénovation du bâti existant pour réduire les émissions, comme par exemple dans le quartier de la gare Lyon-Part-Dieu. Cependant, impossible d’aller plus loin sans le soutien des acteurs de l’immobilier et du bâtiment : il faut que les architectes, les promoteurs, les bailleurs, les propriétaires et les autorités locales travaillent ensemble. De leur coopération avec la ville est née en 2021 un nouveau cadre pour l’urbanisme lyonnais : la charte de qualité urbaine, architecturale, paysagère et environnementale. Outil de dialogue entre les porteurs d’initiatives et la ville, elle permet d’accompagner les projets de construction dès leur conception afin d'intégrer les aspects écologiques et de respecter les normes environnementales.
Cette charte n’a pas de force légale, mais fournit un cadre de référence commun. Elle met l’accent sur le développement des espaces naturels et de la biodiversité en ville, la réduction de l’impact carbone des bâtiments, la qualité des espaces et du mobilier urbain, ainsi que la transparence des processus de planification. « Construire ce n’est pas bétonner, c’est engager nos territoires dans la lutte contre le réchauffement climatique », résume Raphaël Michaud, adjoint au maire de Lyon en charge de l’urbanisme, de l’habitat, du logement et de l’aménagement du territoire. (Source : www.lesechos.fr).
Au 19ème siècle, La Confluence était une zone industrielle située sur une presqu’île au cœur de la ville – suffisamment vaste pour abriter à la fois le marché de gros de la ville et des espaces de stockage de marchandises, les abattoirs municipaux ainsi que deux prisons. Aujourd'hui, la Confluence est un terrain d’expérimentation réelle en matière d’architecture durable d'environ 150 hectares au sud de la presqu'île, qui inspire dans le monde entier : des bâtiments conçus avec des structures en bois et des matériaux recyclés, des panneaux solaires sur les toits et des installations de chauffage collectif permettant de réduire la consommation énergétique... Les nouvelles constructions dépassent les exigences fixées par le label « Bâtiments à Énergie Positive et Réduction Carbone ».
Pour permettre à la nature et à l'homme de se réapproprier les espaces publics, la création d’une forêt urbaine est par exemple prévue sur la presqu'île. Pour inciter les habitants à se passer de voiture, une nouvelle ligne de tramway relie déjà le quartier de La Confluence au centre-ville et des règles contraignantes de stationnement ont été fixées. Des moyens considérables sont déployés pour que le quartier devienne plus vert, plus calme et surtout plus accueillant et sûr pour les enfants. Cette amélioration de la qualité de vie vient comme souvent avec un revers : le prix élevé des loyers et la gentrification du quartier. De nombreux habitants ont été contraints de déménager dans des quartiers en périphérie. La ville doit donc relever le défi et réussir à créer des logements plus verts et plus durables, mais aussi abordables.
La coopération avec le Forum pour l’avenir franco-allemand
Les innovations et l'ambition de Lyon sont une source d'inspiration pour nous et notre réseau afin de trouver des réponses aux questions que toutes les municipalités se posent : comment mobiliser les fonds municipaux pour un urbanisme durable ? Comment réunir les différentes parties prenantes autour de standards ambitieux en matière de construction et de rénovation durables ? Comment accélérer le tournant vers des mobilités durables ? Et face aux loyers élevés et aux processus d'éviction, comment faire pour que la transition écologique d'un quartier soit aussi socialement équitable ?
En savoir plus sur Lyon
Contexte économique :
La ville de Lyon figure parmi les pôles économiques les plus importants et les plus attractifs de France. Elle représente, après Paris, le deuxième plus grand centre économique du pays : initialement sous l’influence de l’industrie textile et chimique, elle s’est considérablement développée dans la poursuite de ses activités commerciales et financières.
Contexte politique :
La ville de Lyon est présidée depuis 2020 par le maire écologiste Grégory Doucet. Il a pris la relève de Gérard Collomb (PS). La Métropole de Lyon est également dirigée depuis 2020 par Les Verts.
Chronologie de la charte de qualité urbaine et architecturale :
2006 : Conception collective de la charte de qualité urbaine et architecturale
2021 : Signature de la charte actuelle, qui fixe de nouveaux standards de durabilité
Chronologie du quartier de La Confluence :
1995 : le projet est lancé à l’initiative de Raymond Barre, alors maire de Lyon
2003 : Début des travaux de construction
2003-2015 : Le nombre d’habitants augmente de 3.000 à 10.000
2005 : Inauguration de la ligne de tram T1
2015 : Finalisation du complexe de logements, de bureaux et de commerces Hikari, le premier à produire plus d'électricité qu'il n'en consomme
2025 : Fin prévue des travaux de réaménagement