Développer les circuits d'alimentation bio et locale
L’alimentation est responsable de 20 à 30 % des impacts environnementaux liés à la consommation des ménages dans l’Union Européenne. Elle est donc un sujet central quand on parle de durabilité – et un sujet quotidien pour les citoyen·nes. Chaque jour, nous prenons des décisions sur l’endroit où nous achetons nos aliments, la manière dont nous les cuisinons, et le contenu de nos assiettes. Nombreuses sont alors les petites actions qui peuvent avoir un impact majeur à plus grande échelle.
Un grand nombre de communes en France et en Allemagne ont compris qu’une transition alimentaire au niveau local constituait un levier important pour agir en faveur d’une société plus durable et faire face aux conséquences du changement climatique. Ces communes développent des stratégies innovantes en coopérant avec la société civile afin de mettre en circulation davantage de produits bio et régionaux, tout en sensibilisant les consommateur.ice.s et les producteur.ice.s aux thèmes de l’alimentation durable. La petite ville de Mouans-Sartoux, dans le sud de la France, a fait passer les repas des cantines scolaires publiques au 100 % bio. Pour ce faire, la municipalité a acheté des terrains qu’elle exploite elle-même. Elle a également mis en place la « Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable », service municipal dont le rôle est de sensibiliser et d’animer le projet alimentaire territorial.
Comment augmenter le rayonnement de telles initiatives ?
Lors de la deuxième réunion du « Forum », trois sessions de travail réunissant des expert·es français et allemands ont porté sur la manière dont les démarches innovantes mises en place par les municipalités au niveau local peuvent être soutenues par les institutions nationales.
Les discussions, très intenses et variées, ont exploré les questions suivantes : le droit européen devrait-il prévoir une dérogation au principe de concurrence loyale pour le domaine de l’alimentation, pour accorder par exemple un avantage concurrentiel aux aliments biologiques ? Comment un label de qualité ou une appellation d’origine protégée pourraient-ils promouvoir la qualité et la régionalité dans les directives sur la passation de marchés publics ? Comment soutenir les petites exploitations agricoles travaillant avec des techniques de culture durables ? Comment renforcer le droit de préemption des communes pour leur faciliter l’acquisition de terres qu’elles souhaiteraient mettre à disposition d’une exploitation biologique ?
Lors des différentes sessions, nos expert·es ont souligné l’importance d’un partage de responsabilités entre les administrations communales et la société civile, mais aussi le rôle primordial que doit jouer une instance de coordination pour faire avancer les projets et animer le dialogue entre les différents acteur·ices du territoire. La question de la répartition des compétences entre le niveau communal et le niveau national a aussi été abordée. L’alimentation n’est pas une tâche qui incombe spécifiquement aux municipalités, et les aides financières accordées par les programmes nationaux sont souvent directement liées à des projets. L’objectif de la prochaine réunion du « Forum » sera de poursuivre l’élaboration de recommandations pour le niveau national, aussi concrètes que possible, afin d’ancrer l’alimentation durable comme thème transversal pour les administrations communales et les sociétés civiles locales.