« Supprimer le parking et renaturer le fleuve était la meilleure chose à faire »
Propos recueillis en allemand par Stéphanie-Fabienne Lacombe
Madame Bätzing, après sept ans passés en Autriche, avez-vous trouvé Siegen changée à votre retour ?
Depuis mon retour, j'ai l'impression que la ville aspire à entrer « dans une nouvelle ère ». Siegen veut investir à la fois dans le dynamisme économique et dans une image attrayante de la ville. Je pense parler au nom de la majorité des Siegenois et Siegenoises en disant que démolir la Siegplatte – ce parking qui recouvrait la rivière – et mener le projet « Siegen – vers de nouveaux rivages » (Siegen – zu neuen Ufern) était la meilleure chose à faire. Ce projet représente à mes yeux le point de départ d'une série de changements visant à rompre avec le passé, à améliorer la qualité de vie en centre-ville et à initier des changements positifs.
En 2022, Vienne a été désignée « ville la plus agréable à vivre du monde ». Que retirez-vous de votre expérience là-bas pour le réaménagement urbain de Siegen ?
Mon travail et ma vie à Vienne m'ont appris que modernisation et préservation de l'identité historique peuvent aller de pair : il est possible de créer un paysage urbain comme un ensemble à la fois moderne et proche de la nature, avec une qualité de vie supérieure à la moyenne, sans « bétonner » les éléments architecturaux porteurs d'histoire et sans saturer les quartiers à proximité du centre-ville.
Pour Siegen, voilà ce que j’en retiens : nous devrions davantage intégrer et valoriser la vieille ville, la rendre plus attrayante et également créer d’autres espaces verts et de loisirs afin d'aérer les zones du centre-ville.
Quel est selon vous le plus grand défi pour Siegen ? Quelles sont les réponses trouvées par la ville ?
Le plus grand défi est d’améliorer l’attractivité du centre-ville pour toutes les générations. Il faut notamment miser sur la ville haute et continuer à soutenir les activités qui font vivre cette partie du centre-ville. Aujourd’hui, la promenade classique en ville se fait plutôt dans la ville basse, où se trouvent également l'une des deux rues commerçantes, la gare et le centre commercial. Dans la ville haute, la gastronomie et le commerce de détail nécessitent un nouvel élan et de nouveaux concepts d’utilisation, notamment autour de la Kölner Straße, rue en pente qui relie les deux parties de la ville. Concrètement, cela nécessite de rénover ou créer de nouveaux locaux qui éveillent la curiosité.
Pour redynamiser la ville haute, la municipalité mise déjà sur un bouquet de mesures temporaires et permanentes : elle organise des événements tels que le cinéma en plein air ou des concerts dans le parc du château. Une aire de jeux et de découverte pour les enfants a aussi été construite. Ces initiatives ont conduit au développement de l’offre gastronomique de la ville. Combiner ainsi des mesures temporaires et permanentes est une bonne idée ! Les mesures temporaires apportent de la diversité et enrichissent les installations permanentes comme dans le domaine de l’évènementiel ou de la gastronomie. Cela permet de répondre aux intérêts des différents usagers, de tenir compte de la saisonnalité des besoins et d'essayer de nouvelles choses – ou de s'en remettre simplement à ce qui a déjà fait ses preuves. Cette diversité apporte de nouvelles impulsions dès lors qu’elle est bien séquencée et calibrée pour les publics ciblés : c’est dans cette logique qu’ont été aménagés de nouveaux espaces verts et de loisirs et le parc du Herrengarten dans le centre-ville.
Quels sont les autres défis à relever ?
Les voitures et la circulation entravent toujours le centre-ville : il y a encore du potentiel pour améliorer la qualité de vie et de séjour.
Un autre défi pour la municipalité est la transparence dans la communication avec les citoyens : il faut atteindre et inclure aussi bien les jeunes générations que les plus âgées. Pour les plus jeunes, les réseaux sociaux comme Instagram sont des canaux de communication bien répandus et donc adaptés. Il faut d’autres moyens pour engager le dialogue avec les générations les plus âgées. La plateforme de participation en ligne permet bien sûr de consulter les habitants plus rapidement, mais la communication personnelle ne doit pas passer à la trappe. Les événements publics restent un moyen d’entrer en contact avec les citoyens. Nous devons miser sur plusieurs canaux pour ajuster où et quand diffuser quelle information.
Dans l’équipe municipale, vous êtes responsable des quartiers périurbains. Comment décririez-vous la relation entre le centre-ville et les quartiers périurbains ?
Les zones urbaines à la frontière directe du centre-ville sont assez anonymes, plutôt métropolitaines. On retrouve un profil plus provincial dans les quartiers situés en périphérie, qui sont moins outillés en matière d’infrastructures et d’accès aux transports. La ville témoigne d’un grand intérêt à promouvoir tous les quartiers : le but est que les citoyens des quartiers environnants se sentent également comme des Siegenois et Siegenoises. Pour cela, la ville a par exemple réaménagé le parc Dr. Dudziak et rénové la maison des citoyens à Siegen-Seelbach.
La faculté des sciences économiques a déménagé dans le centre-ville en 2016. D'autres départements de l'université de Siegen devraient suivre. Qu'attendez-vous de ce projet ?
Avoir une université au centre de la ville, comme c'est par exemple le cas à Marbourg ou à Vienne, où j'ai moi-même étudié, c'est formidable. Cela revitalise la ville et la rend plus attrayante. Vienne est ouverte, moderne, colorée à tous les égards, jeune et diversifiée. C'est ce qui m'a un peu manqué à Siegen. Ce projet va permettre d'ouvrir la ville et de créer de nouvelles perspectives. Accueillir plus d'étudiants signifie un afflux de cultures et d'idées différentes et, dans certains cas, de nouvelles dynamiques entrepreneuriales.