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Le « Forum » pose à Metz les premières pierres de ses recommandations

État / Zustand
Transition énergétique
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Eine Menschengruppe steht auf einem Platz.
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Le Forum pour l'avenir franco-allemand réuni à Metz. | Crédit photo : Thierry Marro
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Les 21 et 22 mars 2024, près de 80 experts et praticiens se sont réunis à Metz, en France, afin de poser les bases des recommandations politiques du Forum sur la transition énergétique locale. Le croisement des perspectives locales, nationales et européennes permet d’identifier les mesures concrètes et les conditions dont ont besoin les collectivités pour aller plus loin. Sarah Bronsard résume les premiers résultats des rencontres du « Forum ».
Date de publication / Veröffentlichungsdatum
21.05.2024
Contenu / Inhalt
Texte / Text
Témoignage / Text
« Le monde déteste le changement, c'est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser. »
Auteur / Autor
Charles F. Kettering
Texte / Text

Relever le défi de la transition énergétique, aussi contraignant soit-il pour nos sociétés, s’impose néanmoins comme une nécessité pour limiter l’impact du réchauffement climatique. Défi planétaire par excellence, la coopération et la recherche de solutions communes apparaissent comme des mots d’ordre incontournables pour accélérer la transition.

Si la France et l’Allemagne visent la neutralité carbone dans les deux décennies à venir, leurs stratégies pour atteindre cet objectif divergent en fonction d’une multitude de facteurs, à commencer par leurs choix de mix énergétiques. En tout état de cause, ce sont les territoires qui mettent en œuvre très concrètement les orientations définies au niveau national, qui portent les changements permettant d’accélérer la transition vers un monde plus vertueux et qui, soit-dit en passant, confortent notre souveraineté énergétique en s’appuyant sur des ressources disponibles localement.

Metz : collectivité partenaire du Forum, qui a su se démarquer par une politique énergétique ambitieuse

Accélérer la transition énergétique dans nos territoires en nous inspirant d’exemples locaux des deux côtés du Rhin, telle est l’ambition du Forum pour l’avenir franco-allemand pour son troisième cycle de travail. C’est à Metz, l’une des collectivités partenaires du Forum pour l'avenir, qu’a commencé cette aventure.

En effet, l’Eurométropole de Metz fait figure d’exemple avec l’adoption récente de son dernier Plan climat air énergie (PCAET) en décembre 2023. Elle a su placer la transition énergétique au cœur de ses politiques publiques et accélérer la mise en œuvre d’actions ambitieuses. En attestent notamment la rénovation thermique des particuliers et des copropriétés, avec une ambition de 2 300 logements privés rénovés de façon performante chaque année, ou encore la production d’électricité photovoltaïque, qui doit être multipliée par 15 d’ici 6 ans. Au-delà de sa proximité avec l’Allemagne, tant sur les plans géographiques qu’historiques et culturels, le choix du Forum pour l’avenir s’est rapidement porté sur la métropole de Metz, qui s’est démarquée par une politique énergétique aussi ambitieuse qu’inspirante pour les autres collectivités partenaires.

Ainsi, l’Eurométropole de Metz déploie depuis une douzaine d’années des projets de transition, couvrant différents champs : la sobriété énergétique, avec des formats permettant la généralisation d’écogestes chez les particuliers (Apéros énergie) ou au sein des entreprises (Eco-Défis), la rénovation grâce aux conseils objectifs et gratuits de l’Agence locale de l’énergie et du climat (ALEC) qui monte en puissance chaque année, l’électricité et la chaleur renouvelables, avec la mise en place de projets structurants des partenaires locaux (régie Haganis, groupe UEM, SAS H2 Metz…).

Sobriété, rénovation, chaleur, électricité renouvelable : échanges franco-allemands intenses et premières pistes de résultats

C’est ainsi que pendant deux jours, une soixantaine d’experts et de représentants des onze collectivités territoriales partenaires ont travaillé au sein de quatre sous-groupes consacrés à la sobriété énergétique, à la rénovation thermique des bâtiments, à la chaleur renouvelable et à la production locale d’électricité renouvelable.

Comment accélérer la décarbonation des réseaux de chaleur urbains en exploitant des ressources disponibles localement ? La France peut-elle s’inspirer du modèle allemand de rénovation énergétique par quartier ? Comment favoriser le couplage intersectoriel ? Quels modèles économiques, de gouvernance et de planification ont fait leurs preuves ?

Autant de questions qui ont guidé les échanges au sein des groupes. Dans un premier temps, les représentants des collectivités ont présenté leurs projets en expliquant les leviers qui accélèrent et les obstacles qui entravent actuellement le déploiement de leurs politiques publiques.

De premiers constats ont émergé : en France comme en Allemagne, la chaleur renouvelable reste la grande oubliée du discours politico-médiatique alors même qu’elle représente le premier poste de consommation énergétique dans les deux pays. L’étude du réseau de chaleur messin, le 4ème plus important en France grâce à une longueur de 140 kilomètres, alimenté aux 2/3 par les énergies renouvelables et de récupération, a été particulièrement précieuse à cet égard.

Quant à la sobriété énergétique, dont le cadre conceptuel est bien plus réglementé en France qu’en Allemagne, un consensus régnait autour de la nécessité de passer du « statut d’urgence » à celui de « réflexe quotidien ». La question des modèles économiques a également suscité un vif intérêt : la réduction de la TVA de 20 % à 5,5 % pour les consommateurs raccordés à un réseau de chaleur décarboné à plus de 50 % a particulièrement inspiré les participants allemands tout comme le modèle économique des réseaux de chaleur français, favorisant une grande transparence des prix. Enfin, les énergies citoyennes et la participation financière des collectivités aux projets locaux d’énergies renouvelables ont beaucoup intéressé les participants français, dans la mesure où ces dispositifs permettent de garder de la valeur dans les territoires et d’en accroître l’indépendance énergétique.

« Quel échelon le plus pertinent pour assurer notre souveraineté énergétique ? »

En marge des sessions de travail, tous ont assisté à une table ronde organisée à l’Hôtel de Ville de Metz sur le thème de la souveraineté énergétique et de l’échelon le plus pertinent pour sa mise en œuvre. C’est dans le salon d’honneur au décor néoclassique que Sylvain Waserman, président de l’ADEME et Marc Ringel, directeur de l’Institut franco-allemand, se sont prêtés au débat.

Souveraineté versus autonomie énergétique : une différence de terminologie traduisant deux visions stratégiques divergentes

Il est apparu que le concept de souveraineté, très présent dans les discours publics en France, l’est beaucoup moins en Allemagne, qui lui préfère le terme d’autonomie énergétique. Cette différence de terminologie n’est pas anodine et traduit deux visions stratégiques différentes. Tendre vers une forme de souveraineté énergétique suppose de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur énergétique en étant en mesure d’imposer ses normes aux autres. À l’inverse, l’autonomie repose sur des choix de diversité, tant énergétiques que partenariaux sans qu’une maîtrise de toute la chaîne de production soit nécessairement recherchée. Si la France a placé les considérations géopolitiques au cœur de sa stratégie énergétique – notamment grâce à son savoir-faire nucléaire – les choix allemands étaient davantage ancrés dans une approche de libéralisme économique. Ce détour conceptuel a permis de poser les termes du débat avant de se consacrer aux spécificités propres à chaque échelon politique, européen, national et infranational.

Le maillon territorial au service d’une transition et souveraineté énergétiques efficace

Comment faire converger les visions nationales de souveraineté énergétique basées sur un savoir-faire et des intérêts spécifiques vers une souveraineté énergétique européenne ? Quel devrait être le rôle de l’État dans la définition et la mise en œuvre de sa souveraineté énergétique ? Fidèle à l’esprit du « Forum », c’est avant tout le maillon territorial qui a suscité le plus d’intérêt : à la question de savoir si les collectivités devaient être de simples relais ou plutôt des ressources autonomes pour la mise en œuvre de la transition énergétique, le consensus était général : de par sa proximité avec les citoyens et sa connaissance détaillée des réalités locales (demande énergétique, sources d’énergie disponibles), l’échelon territorial est particulièrement pertinent pour accélérer la transition énergétique et traduire la souveraineté énergétique de manière concrète et tangible. Enfin, des coopérations entre collectivités françaises et allemandes, telle que l’alimentation du réseau de chaleur strasbourgeois par l’aciérie de Kehl, sont prometteuses.

À l’issue de deux journées riches en échanges, tous ont beaucoup appris. Un dialogue sincère s’est mis en place entre les participants des deux pays, entre les représentants de collectivités et les experts de tous secteurs confondus. Les discussions foisonnaient et s’intensifiaient progressivement, tous s’écoutaient et souhaitaient ardemment trouver des solutions aux problèmes communs. C’était l’illustration d’une belle coopération franco-allemande.