Dans les coulisses de notre plateforme bilingue
Depuis l’automne 2021, vous développez avec nous la future plateforme coopérative du Forum pour l’avenir. Qu’est-ce qui la démarque des plateformes existantes ?
Selon moi, c’est avant tout notre approche du multilinguisme. Nous avons intégré de manière transparente la traduction simultanée dans la plateforme de collaboration à l’aide de DeepL, mais nous n’avons pas caché le multilinguisme, nous l’avons mis en avant. Au lieu d’afficher les contenus traduits automatiquement dans une seule langue, nous visualisons les contributions à la discussion dans le chat en deux langues et au lieu de « allemand/français », il n’y a que « original » et « traduit ».
De nombreux projets qui organisent une coopération transnationale se mettent d’accord sur l’utilisation de l’anglais. Nous considérons cependant que permettre la communication multilingue est extrêmement important, car il est illusoire de penser que tout le monde parle une langue étrangère suffisamment bien pour pouvoir participer sans retenue et avec toute son expertise aux discussions. Si l’on force tout le monde à parler une seule langue, on ne pourra pas atteindre la même profondeur dans la discussion et beaucoup ne participeront même pas. Je suis donc très impatient de voir comment la nouvelle plateforme fera ses preuves au quotidien à cet égard.
Et contrairement à de nombreuses autres grandes plateformes établies, la nôtre est entièrement dépourvue de publicité et de suivi des données. De plus, notre plateforme est un logiciel libre.
Qu’est-ce que cela signifie exactement : un logiciel libre ?
Un logiciel libre signifie que la licence utilisée (dans notre cas, la licence ‘AGPL’) accorde, outre l’accès au code source (donc ‘open source’), quatre libertés fondamentales :
- la liberté d’exécuter le programme comme on le souhaite, pour n’importe quel usage.
- la liberté d’étudier le fonctionnement du programme et de l’adapter à ses propres besoins de traitement des données.
- la liberté de distribuer le programme et d’aider ainsi ses semblables.
- la liberté d’améliorer le programme et de partager ces améliorations avec le public afin que toute la société puisse en bénéficier.
Nous avons été ravis de constater que le Zukunftswerk était très ouvert au concept de logiciel libre, car nous partageons les aspirations de la Free Software Foundation Europe : les logiciels financés par des fonds publics devraient également être accessibles au public et utilisables par d’autres, c’est-à-dire « Public Money – Public Code ».
Comment décririez-vous l’approche utilisée pour développer la plateforme du Forum pour l’avenir ?
Nous avons particulièrement apprécié le fait que, malgré les contraintes inhérentes à tout projet intergouvernemental, une approche itérative a été possible pour développer la plateforme. Dès le début, l’équipe du Forum pour l’avenir a été ouverte au fait de rechercher ensemble les solutions appropriées et les mettre en œuvre progressivement, les tester et les adapter le cas échéant.
Nous avons souvent vu des clients arriver avec des idées très détaillées mais irréalistes du point de vue technique ou financier. Ce n’était pas le cas cette fois-ci. De plus, ce sont les utilisateurs qui déterminent le succès d’une application : obtenir leur feedback tôt dans le développement de l’outil est la seule façon de trouver des solutions vraiment adaptées. Il est donc essentiel d’ouvrir un espace pour la discussion, les tests et la remise en question des hypothèses initiales.
Quand le logiciel sera-t-il prêt pour que d’autres personnes puissent également utiliser la plateforme ?
Nous attendons tout d’abord le retour des utilisateurs sur la version « bêta ». Nous invitons d’ores et déjà toutes les personnes intéressées à participer aux tests. Nous ajusterons la plateforme du Forum pour l’avenir et la livrerons courant 2022. En parallèle, nous travaillons également à ce que le code logiciel, disponible sur https://github.com/dmx-systems/dmx-zukunftswerk soit tenu à jour en continu et puisse être publié dans une version finale. En l’état actuel des choses, cela devrait se faire dans un à deux mois environ.
Quelles évolutions de la plateforme et quels autres usages vous semblent particulièrement prometteurs ?
Cette plateforme peut être utilisée pour d’autres langues : elle n’est pas limitée au français et à l’allemand. DeepL peut traduire 26 langues à l’heure actuelle et les reconnaît assez bien automatiquement. Il serait donc possible de réaliser une application multilingue en plus d’autres solutions bilingues.
En outre, nous réfléchissons déjà à la manière dont plusieurs utilisateurs peuvent travailler simultanément de manière bilingue sur un texte commun – comme pour l’écriture collective des recommandations politiques du Forum pour l’avenir. Il serait également envisageable de développer la fonction de chat en tant qu’application propre, afin que les utilisateurs puissent également s’envoyer des messages directement entre eux : une application de chat multilingue.
Mais on peut aussi penser à des cas d’utilisation concrets : simplifier la communication dans les régions frontalières ou coordonner les échanges de jeunes franco-allemands de manière participative et multilingue.
À propos de Jürgen
Jürgen Neumann travaille chez DMX depuis 2004. Les ordinateurs le préoccupent depuis 1984 et depuis lors, il cherche des moyens d'utiliser les technologies de l'information et de la communication d'une manière utile pour la société. Il a collaboré avec des entreprises allemandes et internationales et des organisations à but non lucratif. Parallèlement, Jürgen Neumann travaille comme expert indépendant pour la Commission européenne.